Le 25 septembre dernier s’est tenue la cinquième édition de la rencontre annuelle du projet « Place aux Jeunes ! » (PAJ) et de la Commission Jeunesses et Solidarité Internationale (CJSI) de Coordination SUD à la Cité du Développement Durable.
Cette année, ce sont 58 participant·e·s et 18 intervenant·e·s (dont certain·e·s en visio), représentant près de 30 organisations, qui se sont retrouvé·e·s pour échanger et réfléchir autour d’une question centrale :
« La participation des jeunes dans la solidarité internationale : choix ou nécessité ?»
Comme chaque année, cette rencontre a été pensée comme un espace de réflexion et de dialogue collectif, mais aussi comme un moment de valorisation des initiatives portées par le projet PAJ et la CJSI et de ses membres via des ateliers se basant sur les pédagogies d’éducation populaire.
Après un temps d’ouverture et d’interconnaissance, la journée a démarré avec quatre ateliers en parallèle, chacun permettant d’aborder un angle spécifique du « pourquoi » de la participation des jeunesses :
- La participation des jeunes et des enfants comme droit humain (Plan International France & Groupe Enfance) : les échanges ont rappelé que la participation n’est pas une faveur mais un droit fondamental, inscrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant. Les jeunes apportent une expertise précieuse et doivent être reconnu·e·s comme acteur·rice·s du présent. Les témoignages du projet J2A (Asmae) et du Plan des Jeunes ont montré combien la confiance, la légitimation et un accompagnement des jeunes sont essentiels pour dépasser leur simple consultation symbolique et respecter leur droit à la participation.
- Être un·e jeune engagé·e ici et là-bas : témoignages et regards croisés (FORIM & Migrations et Développement) : les discussions ont mis en lumière les réalités spécifiques des jeunesses issues de la diaspora : discriminations, isolement, obstacles administratifs, mais aussi richesse des engagements transnationaux. Leur engagement est à la fois personnel et collectif, et nécessite des accompagnements adaptés aux problématiques qu’iels rencontrent.
- Jeunes et organisations : qui porte la responsabilité de la participation ? (Engagé·e·s & Déterminé·e·s et Solidarité Laïque) : un atelier qui a permis d’explorer grâce à un débat mouvant et un arpentage les responsabilités partagées entre jeunes et organisations. Les participant·e·s ont souligné la nécessité pour les structures de plus faire confiance aux jeunes et de leur laisser plus de liberté mais aussi de reconnaître la diversité des parcours, de repenser nos procédures RH afin de valoriser davantage la montée en compétences des jeunes et d’éviter le youthwashing. La participation des jeunes dans les organisations ne peut être authentique que si elle est préparée, accompagnée et dotée de moyens.
- De la théorie à la pratique : s’outiller pour la participation des jeunes (F3E & Caritas Mauritanie) : à partir d’une expérience menée à Nouakchott en Mauritanie, l’atelier a montré comment intégrer durablement les jeunes et les femmes dans la gouvernance locale. Le marqueur de la participation a été présenté comme un outil concret pour mesurer et renforcer l’implication des jeunes dans les projets.
Une table-ronde a ouvert l’après-midi en explorant une question centrale :
«Être jeune et s’engager aujourd’hui : rejoindre, réformer ou réinventer les structures ? »
Trois intervenant·e·s ont partagé leurs expériences :
- Yann Delaunay, directeur général de France Volontaires,
- Hikma Djoumoi, co-fondatrice d’Act’Ici,
- Baptiste Gaich, chargé de mission jeunesse à l’Institut Français.
Ensemble, ils·elles ont illustré la diversité des chemins d’engagement :
- Pour France Volontaires, les dispositifs de volontariat constituent une porte d’entrée essentielle, offrant aux jeunes un cadre sécurisé et inclusif,
- Pour Act’Ici, l’expérience a montré que les jeunes, et en particulier ceux·celles issu·e·s de minorités, rencontrent encore trop de freins dans les structures existantes. Créer une nouvelle association a été une manière de libérer leur potentiel et de bâtir des espaces plus accessibles et inclusifs qui leur ressemblent où ils·elles se sentent véritablement écouté·e·s,
- À l’Institut Français, les jeunes participent désormais à la co-construction des programmes de leurs événements et aux réflexions plus globales du projet. Mais cela est mis en place à la suite d’un long processus évolutif qui vise à rendre les jeunes partenaires actif·ves du projet.
Les échanges ont souligné deux enjeux transversaux :
- La nécessité de toucher une diversité plus large de jeunes, y compris celles et ceux qui peuvent être éloigné·e·s de l’engagement,
- L’importance de créer des espaces sûrs et de confiance, qui permettent une participation authentique et une prise de parole qui renforce le sentiment de légitimité des jeunes.
L’engagement des jeunesses prend des formes multiples (rejoindre ? réformer ? réinventer ?) mais toutes reposent sur une même conviction : les jeunes sont déjà acteurs et actrices du présent. Leur donner la place, la légitimité et les moyens nécessaires, c’est renforcer leur rôle dans la transformation des organisations et de la société.
En fin d’après-midi, deux nouveaux ateliers ont permis de réfléchir aux moyens d’action des OSC en dans leur prise en compte des jeunesses et de partager des outils concrets :
- Élaborer une stratégie jeunesses avec les Youth Friendly Standards (GRET & Consortium Jeunesse Sénégal)
Les participant·e·s ont découvert les six piliers des YFS (gouvernance, services, RH, communauté, achats, partenariats) et réfléchi en grâce à un format world café à des pistes concrètes pour mettre en place les recommandations qui ont été faites au GRET lors de son diagnostic : création d’instances consultatives jeunes, budgets dédiés, implication des jeunes dans toutes les étapes des projets etc…
Cette cinquième édition a confirmé que la participation des jeunes est un droit et non une option. Elle doit être authentique, continue, inclusive, et reposer sur des conditions claires : espaces sûrs, accompagnement adapté, diversité, redevabilité et confiance mutuelle.
Merci au GRET pour l’accueil au Pavillon Indochine, aux membres du consortium PAJ et de la CJSI mais surtout à toutes les personnes présentes lors de cette journée pour la richesse des échanges, la qualité des contributions et tous les partages d’expériences.
Comme pour nos précédentes éditions, un stand dédié aux activités de la CJSI et de « Place aux Jeunes ! » a été mis en place pour faire (re)découvrir à l’ensemble des participant·e·s, l’accompagnement par les pairs, les échanges de pratiques, le plaidoyer, en plus de la CJSI et Coordination SUD.
Rendez-vous en 2026 pour la 6ème édition de la rencontre annuelle, toujours au service des jeunesses actrices !
Cet évènement a été organisé dans le cadre de « Place aux Jeunes ! » co-financé par l’Agence française de développement et le programme Erasmus +